En quelques mots, pouvez-vous présenter votre parcours et votre travail ?

Après avoir rejoint MVRDV en 2006, je suis devenu associé au sein de l’agence, chargé des projets francophones en France, en Suisse, en Belgique, à Monaco et au Canada. Auparavant, j’ai travaillé au sein de l’atelier FGP (Ferrier, Gazeau, Paillard), au sein de l’agence de Jean Nouvel et aussi avec les urbanistes de l’agence West 8.

Le parcours international de ma formation supérieure a débuté à l’ENSAP de Lille pour se poursuivre à l’ETSA de la Coruna, puis à l’université de technologie d’Eindhoven. Ce parcours m’a permis de comprendre différentes approches du métier et de la conception.

 

Quel a été le rôle de MVRDV dans le projet scénographique des 8e Rendez-vous de la Matière + Fair(e) ?

Nous avons travaillé en collaboration avec la scénographe Sophia Goigoux-Becker. Nous sommes restés en échange continu afin de créer des stands d’exposition qui répondent aux besoins des exposants. Avec Veronica van der Horst, designer chez MVRDV, nous avons travaillé en partenariat avec des spécialistes de nos équipes étant intervenus sur les questions écologiques de durabilité.

Le stand, tout en n’étant pas notre corps de métier, constituait un sujet très intéressant que nous avons souhaité approfondir dans un esprit d’innovation.

 

Le fait de savoir que ces stands seraient installés au sein de l’Atelier Richelieu a-t-il influencé leur conception ?

Le site est magnifique, avec de beaux volumes et une belle hauteur, somme toute assez neutre dans son intérieur. Mais la conception des stands allait au-delà du lieu. Nous avons imaginé des stands qui peuvent s’adapter à divers espaces et qui sont facilement transportables, transposables et donc réutilisables.

Nous adoptons en effet une philosophie de la durabilité. En ce sens, les stands répondent par ailleurs plutôt bien aux produits et aux idéaux mis en avant par les exposants présents à l’événement.

 

Comment ces stands ont-ils été conçus, à quelles exigences répondent leur élaboration ?

Nous avons conçu le module en tentant de requestionner la logique du stand, la logistique et la compacité de son transport pour limiter les émissions de carbone et utiliser des matériaux recyclés donc plus durables.

Nous avons travaillé avec des entreprises pour élaborer un système de panneaux avec des tailles standards qui permettent une multitude de combinaisons possible. Les stands sont composés de modules, des panneaux de belles dimensions allant jusqu’à 180 cmx par 90 cm, offrant un catalogue de possibilités fourni aux exposants. Les éléments sont très fins et s’emboîtent par des encoches. Cela permet aux exposants de choisir la configuration qu’ils souhaitent mettre en place par rapport à leur produit.

Les modules permettent aussi de créer du mobilier, des chaises et des bancs par exemple. Selon une logique très simple, nous ne créons donc pas un mobilier unique, mais des dizaines. Les exposants choisissent le mobilier ou la composition qui leur convient. Dans le cadre des Rendez-Vous De La Matière, il y a environ quatre panneaux par stands, faciles à monter et à composer et offrant la possibilité à chaque exposant d’individualiser et d’adapter son espace.

L’intérêt du stand porte donc sur son usage intrinsèque, mais aussi sur la logique de catalogue créée à partir d’un objet unique, et enfin sur sa durabilité et son impact environnemental.

 

En quoi ces stands relèvent-ils d’une démarche d’écoconception ?

Nous avons travaillé avec l’entreprise Module Carré afin de limiter les déchets et de maximiser le transport.

Les stands sont légers et démontables, l’objet de panneau qui les compose est réutilisable. Une fois démontées, les planches rassemblées dans un volume restreint peuvent être facilement déplacées, ce qui permet de diminuer au maximum l’empreinte carbone liée à leur transport.

Nous travaillons à partir de planches carrées de 2,80 m par 1,40 m dans lesquelles nous découpons les panneaux. L’objectif premier est d’exploiter au maximum la surface de ces planches pour ne pas gaspiller de matière. Afin d’optimiser au mieux la découpe, nous avons créé cinq panneaux de trois tailles différentes. La matière des chutes des encoches est récupérée pour réaliser des supports d’accroche pour les exposants.

 

De quelle matière les modules sont-ils composés et comment ont-ils été fabriqués ?

Les planches composées de 100 % de plastique recyclé sont 100 % recyclables. Le procédé suit une logique de circularité. Le plastique est récupéré et fragmenté. Des machines spécifiques ont été mises au point et certifiées pour recycler jusqu’à 75 % des différents types de plastique, en utilisant uniquement des énergies renouvelables, produisant ainsi 0 kg d’émissions de CO2 pendant la production. Chaque panneau est fabriqué à partir d’un seul type de plastique, de sorte qu’il peut être facilement recyclé, ce qui prolonge indéfiniment l’utilisation de cette ressource. L’effet du matériau obtenu en divers coloris s’assimile à un terrazzo de plastiques. Sur demande, il est aussi possible, en fonction des disponibilités, de choisir des coloris particuliers. Mais l’aléatoire des compositions fait tout le charme du produit.

Texte : Cléa Calderoni
Visuel a la une : 3D de la scénographie de l’édition 2022 © Sophia Goigoux-Becker